Projet Python : Orange, Free et Bouygues s'allient pour SFR
Orange, Free et Bouygues préparent un consortium pour racheter SFR, valorisé 28 milliards. Le "Projet Python" attend l'aval des régulateurs.

SFR pourrait être racheté par un consortium inédit réunissant ses trois principaux concurrents français. Orange, Free et Bouygues Telecom étudient une alliance financière pour se partager les actifs du quatrième opérateur national, enlisé dans une dette de 24 milliards d'euros.
Un démantèlement programmé depuis 2014
Patrick Drahi avait racheté SFR pour 17 milliards d'euros en 2014, espérant transformer l'opérateur historique en géant des télécoms européen. Dix ans plus tard, la stratégie d'Altice se solde par un échec retentissant. La dette a explosé, atteignant aujourd'hui 24 milliards d'euros, poussant le milliardaire franco-israélien à jeter l'éponge. Le tribunal des activités économiques de Paris a validé en décembre 2024 le plan de restructuration prévoyant la vente de SFR, valorisé à 28 milliards d'euros.
Le "Projet Python" prend forme
Selon les informations révélées par La Lettre, les trois opérateurs français auraient lancé des négociations secrètes sous le nom de code "Projet Python". Ce consortium tripartite injecterait plusieurs milliards d'euros pour racheter et démanteler SFR. Chaque opérateur contribuerait à hauteur d'un milliard d'euros pour couvrir le volet social, soit la gestion des 8 000 salariés de SFR.
La répartition des actifs reste à définir, mais plusieurs hypothèses circulent dans les couloirs du secteur. Orange pourrait récupérer le réseau fixe et une partie des infrastructures mobiles, Free s'orienterait vers les fréquences et les datacenter, tandis que Bouygues Telecom viserait une partie de la clientèle entreprise et grand public.
Obstacles réglementaires et sociaux
Cette alliance inédite devra franchir plusieurs obstacles majeurs. L'Autorité de la concurrence française scrutera minutieusement l'opération pour éviter toute position dominante. La Commission européenne pourrait également s'y opposer, craignant une concentration excessive du marché français des télécoms.
Le volet social représente un autre défi de taille. Les syndicats de SFR s'inquiètent légitimement du sort des 8 000 employés. Les trois opérateurs prévoient des primes de départ volontaire, mais les suppressions d'emplois semblent inévitables dans certains services redondants.
L'État français observe cette opération d'un œil bienveillant. Le gouvernement préfère éviter l'arrivée d'un repreneur étranger et maintenir le contrôle national sur un secteur stratégique. Cette solution permettrait de préserver l'écosystème français tout en assainissant un marché fragilisé par la surcapacité.
Retour aux fondamentaux du marché
Ce rapprochement marquerait le retour de la France à trois opérateurs majeurs, configuration qui prévalait avant l'arrivée de Free en 2012. Xavier Niel avait alors bousculé un marché oligopolistique en cassant les prix, déclenchant une guerre commerciale qui perdure encore aujourd'hui.
La disparition de SFR en tant qu'entité indépendante clôturerait un chapitre mouvementé des télécoms françaises. L'opération devrait se concrétiser en 2025, sous réserve des autorisations réglementaires nécessaires. Pour les consommateurs, les conséquences restent incertaines : le retour à trois acteurs principaux pourrait stabiliser les prix, mais réduire mécaniquement la concurrence.
Le "Projet Python" transformera-t-il définitivement le paysage français des télécoms ? La réponse dépendra de l'Autorité de la concurrence et de la capacité des trois opérateurs à rassurer les régulateurs sur le maintien d'une concurrence effective.
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