Microsoft: 9000 licenciements malgré les milliards investis dans l'IA
Microsoft licencie 9000 employés tout en investissant 80 milliards dans l'IA, illustrant la transformation profonde du secteur tech et son paradoxe: croissance sans emplois.

Le géant de Redmond taille dans ses effectifs tout en déversant 80 milliards de dollars dans son infrastructure d'intelligence artificielle. Cette vague de suppressions, touchant près de 4% des 228 000 employés du groupe, s'inscrit dans une réorganisation stratégique massive du secteur technologique.
La tech continue sa cure d'amaigrissement
Microsoft confirme l'élimination d'environ 9 000 postes à travers ses divisions, régions et niveaux hiérarchiques. L'État de Washington, fief historique de l'entreprise, concentre plus de 800 suppressions, principalement dans les centres de Redmond et Bellevue. Ces nouvelles coupes s'ajoutent aux 6 000 licenciements annoncés en mai 2025 et aux 300 suppressions supplémentaires de juin.
Les équipes de vente, d'ingénierie logicielle et de gestion de projet sont particulièrement touchées par cette restructuration. La division Xbox n'est pas épargnée non plus. Phil Spencer, PDG de Xbox, a justifié ces mesures comme nécessaires pour "positionner le gaming sur une trajectoire de succès durable" et concentrer les ressources "sur des domaines de croissance stratégique".
La filiale européenne King, créatrice du célèbre Candy Crush, voit ses effectifs réduits de 10%, soit environ 200 postes supprimés. Cette branche avait déjà connu plusieurs réorganisations depuis son acquisition par Microsoft en octobre 2023.
Le paradoxe de l'IA: investissements colossaux et réductions d'effectifs
Ce qui frappe dans cette annonce, c'est son timing. Microsoft supprime des emplois tout en déployant simultanément un budget colossal de 80 milliards de dollars pour l'exercice fiscal 2025, destiné à l'expansion de ses centres de données pour l'IA. Plus de la moitié de cette somme sera investie aux États-Unis pour renforcer l'infrastructure nécessaire aux modèles d'intelligence artificielle de nouvelle génération.
L'entreprise justifie ces dépenses par la demande croissante en puissance de calcul pour l'entraînement des modèles IA, notamment dans le cadre de son partenariat exclusif avec OpenAI. Cependant, ces investissements massifs exercent une pression considérable sur les marges bénéficiaires, particulièrement sur les services cloud, ce qui pourrait expliquer en partie les réductions d'effectifs.
Un phénomène qui touche l'ensemble du secteur
Microsoft n'est pas un cas isolé. L'industrie technologique dans son ensemble a enregistré plus de 90 000 suppressions d'emplois depuis le début de l'année 2025, dont 72,5% concernent des entreprises américaines. Intel mène cette tendance avec 25 000 licenciements prévus, représentant 20% de ses effectifs.
Cette restructuration massive affecte désormais non seulement les rôles traditionnels de développement et d'analyse de données, mais aussi les postes spécialisés en IA et ingénierie de prompts. Les experts du secteur attribuent ces coupes à la rationalisation post-pandémie et à l'aplatissement des structures managériales, phénomènes qui s'accélèrent avec l'automatisation permise par l'IA.
Des performances financières qui contrastent avec les licenciements
Malgré ces licenciements, Microsoft maintient des performances financières robustes avec un chiffre d'affaires de 70 milliards de dollars et un bénéfice net de 26 milliards au troisième trimestre fiscal. L'entreprise conserve sa position de deuxième capitalisation boursière mondiale.
Cette situation illustre le paradoxe d'une industrie technologique qui poursuit sa croissance tout en réduisant massivement ses effectifs. La priorité accordée à l'efficacité opérationnelle et aux investissements dans l'intelligence artificielle semble désormais primer sur l'emploi traditionnel dans ce secteur en pleine transformation.
Les restructurations chez Microsoft s'inscrivent dans une stratégie à long terme visant à simplifier l'organisation et réduire les couches hiérarchiques, tout en concentrant les ressources sur les technologies émergentes. Reste à voir si ce modèle de croissance, qui sépare de plus en plus nettement création de valeur et création d'emplois, est viable et souhaitable sur le long terme.
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